samedi 6 février 2010

Protée (3)


ill. Dave McKean



Jonas s’échoue du sable sur les eaux pour recracher la baleine.




L’homme ne pénètre pas la femme ni ne termine de jouir en elle à aucun moment, mais ils sont un seul et même organisme évoluant selon des lois qui leur sont propres.




L’ovule ne se laisse pas pénétrer par le spermatozoïde, l’enfant ne naît pas de la mère, mais chacun des éléments du vivant exporte en son hôte des parcelles de ce qu’il est, jusqu’à ce qu’une symbiose s’établisse ; l’enfant devient alors la mère et la mère, l’enfant.




L’homme se change en ce qu’il mange, la proie devient le prédateur, le guerrier prend le nom de sa victime et sa femme ; les enfants de celle-ci le nomment père ou fils, selon les jours, les joutes et les éléments nouveaux du rite.



Tout est relié à tout, tout est membre d’un organisme sans début ni fin et participe de la vie et de la mort de celui-ci.



Certaines existences vécues en rêve se réalisent, d’autres transmigrent et disparaissent de la carte tracée des oniromanciens.




La baleine s’échoue des eaux sur le sable pour recracher Jonas.


Les eaux s’échouent du sable sur Jonas pour recracher la baleine.


Le sable s’échoue de Jonas sur la baleine pour recracher les eaux.


Jonas s’échoue du sable sur les eaux pour recracher la baleine.


La baleine recrache des eaux sur le sable pour échouer Jonas.


Les eaux recrachent du sable sur Jonas pour échouer la baleine.



1 commentaire:

Anonyme a dit…

Quand Je, Elle, Lui et nous, participent aux jeux de la spirale dans l'Ether bleuté...