jeudi 8 mars 2007

Nijinski/peinture/saut



Les trois premiers cahiers de Nijinski sont composés de dix pages de dessins abstraits, des mandalas à ce que l'on m'a dit ; ce qui me paraît vrai, le cercle de feu étant un symbole actif d'une valeur humaine considérable, et qui se retrouve dans son écriture, pour qui a lu ses Cahiers : les opinions de Nijinski se résorbent en cercles, en contradictions flagrantes d'une page à l'autre, manifestant la volonté de libérer sa pensée de la pesanteur des concepts. Puis viennent quinze pages de notation chorégraphique configurant la danse de l'écriture à venir et qui n'aurait pas dû être publiée typographiée, mais bien photographiée, comme le souhaitait l'auteur. Le quatrième cahier est, selon les mots de Christian Dumais-Lvowski, le préfacier de la version (non-) expurgée des Cahiers, publiée chez Actes Sud, une "annexe". Actes Sud n'a donc pas jugé utile de la publier dans son intégralité. Grosso-modo, ce qui devait être traduit a été traduit, mais les poèmes de Nijinski en français... Il faut vous dire, Madame, Monsieur, que Nijinski n'a jamais fait l'effort de parler français correctement, et son écriture... Même un collégien, de nos jours, ou bien un écrivain pour son premier livre, passons. Mais là, on ne voit pas bien l'intérêt de se donner de la peine.
- Comme si le travail de création était une question de docilité à la langue et qu'il y avait un ordre des mots du dictionnaire à respecter pour écrire.
- Oui, mais, voyez-vous, le lecteur est méchant et mesquin.
- Mais, moi aussi, et plus l'on me dira que le lecteur est méchant et mesquin et moins je ferai d'effort. Car, voyez-vous, en littérature brute, il n'y a pas de lectorat, biffé le lectorat ! Dostoïevski était assez proche de cela, quand il écrivait son Souterrain. Et d'ailleurs, moi, Madame, Monsieur, je trouve que je me relis beaucoup trop pour quelqu'un qui ne veut pas se soigner, en plus je trouve qu'il ne s'agit plus ni de soigner son écriture ni de se soigner tout court, mais d'aiguiser son mal bien profond dans un blog, choisir pour ça des médecines pas du tout parallèles ou génériques pour enfoncer bien profond le trou de la Sécu littéraire !
Et j'aimerais vous y voir, vous aussi, dans mon trou du cul de blog comme Souterrain !
J'aimerais qu'on soit deux à danser la gigue avec un mal de dent qu'on ne veut pas arracher aux urgences, deux à ressentir son mal bien profond, sans recherche de soulagement, sans ticket modérateur, rien que le plaisir de se faire souffrir et d'aimer ça.

Donc Actes Sud n'a pas voulu de la poésie de Nijinski et nous a laissé sa prose sans intérêt puisqu'il y manque l'essentiel, à savoir le quatrième Cahier que j'ai pu recopier à la bibliothèque de musique, près de l'Opéra Garnier à Paris. Mais, comme ce soir, je sens que j'ai affaire à des cons, vous n'en aurez pas d'extrait, pas un chicot ! Bonsoir.

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