Babelle
À Adolfo Kaminsky
La Terre est à tous les hommes, chacun d’entre eux pourrait y
vivre dignement & faire le tour des continents, voir les métropoles :
Paris, la vieille dame & la disciplinée Tokyo à l’urbanisme chaotique,
lire le plan d’une ville qui change ra demain, le relire les jours suivants
& se dire que * monquartierchangeramillefoisdurantmavie *
J’ignore ce qu’il y a après lam ort , j’ignore même si un mot comme
.L .A.M. O.R.T.
a un sens
ou si
D.I.E.U.Y. A.H.V.E.B.R.A.H.M.Â.
sont mes pères.
Je me rappelle mes 1 8 ans (Je dis 1 8 ans, aujourd’hui, alors que j’en ai 35)
mon père a dit que je l’avais frappé. (Je ne l’avais pas réellement frappé ;
il voulait aller jusqu’au bout de notre relation, i l vo u lait : « v o ilà
tout ce que je t’ai fait, et, maintenant, c’est à to i. »), et il a hurlé dans
son appartement : « IL-M’A-FRA-PPÉ ! », tandis que ma main l’avait juste frôlé.
La jeunesse dit : « Je veux, nous voulons. », elle est une prière à la vie,
et son désir est aussi beau que .l’acceptation .à .tout.ce.qui.est .
٭
Nous sortons des ventres des mères
& nous goûtons au soleil.
Chaque jour, le soleil vient
& il sourit aux hommes.
Sans raison, il leur dit :
« Pourquoi es-tu ici ?
Pourquoi reviens-tu tous les jours dans la même maison ?
Pourquoi fais-tu partie d’un peuple, d’une famille ? Pourquoi as-tu une mère ?
« Chaque heure du jour ondoie son n imbe d e l u mièr e sur ta p eau.
« La terre est à tout le monde,
chaque homme, chaque peuple,
a le droit d’y circuler librement.
« C’est moi, la mère de la terre,
c’est moi qui l’ai fait ce qu’elle est.
Crois-moi : circule en son sein librement, dévore-la sans remords.
« La terre est un pays de cocagne.
Pourquoi devrais-tu faire la guerre ? Quelles raisons à vos frontières ?
Je suis le seul hôte que vous devez accueillir, je suis l’unique raison aux limites de vos champs,
& je ne vous ai jamais demandé l’hospitalité
& je ne vous la demanderai jamais.
« C’est moi, ton père et ta mère, si tu le souhaites, dis-toi que c’est moi.
Aime celui qui te fait du bien, durant ton enfance, dis-lui, * Mon.père. * ou * .ma.mère. * , si c’est ce qu’il veut entendre,
mais lui-même est issu des astres, et, en tant que tel,
n’a pas à revendiquer appartenir à une famille.
Chacun d’entre vous est lepèrelamèreoul’enfant de qu i il sou haite. »
,Il n'y a pas d'étranger pour ce qu'il en est de l'homme"
.poursuit maintenant le soleil
L’endroit où vous naissez est le fruit du hasard, votre vie même est un réseau
de
-c-
-ir-
-c-
-ons-
-tances-
dont vous croyez reconnaître des signes et des vérités dans ce que vos géniteurs vous ont transmis
mais vos familles, tout autant que les frontières de vos nations,
sont les inventions des poètes.
Chaque homme, chaque peuple doit pouvoir circuler librement & n’a pas à se faire reconnaître sur sa route
« Vous n’avez pas à vous désigner par * -un.nom. *,
de même que vous n’avez pas à demander
* -un.nom. *
à celui que vous rencontrez.
Chacun d’entre vous est libre de se * -nommer * et de * -nommer * les êtres et les choses, selon ses goûts.
Il n’y a nulle signature au commencement ou à la traversée de je ne
sais quelle histoire
aucun sulfurélémentaloucivilisation avant pendant & après vous.
Par rapport au firmament, chaque grain des étoiles dans la nuit
renvoie votre image à votre gré :
l’orbe du monde est un
.
qui n’a nulle dimension
dans l’espace
,Quelle vanité que de rechercher une mesure aux hommes & aux choses
? au proche & au lointain
Vous ne vous appartenez pas plus que la terre ou le ciel ne vous appartiennent.
Les maisons que vous bâtissez sont autant des lieux de passage
.pour vous que pour l’étranger qui vous demande l’hospitalité
Laissez-lui les clés de la maison, quand il arrive à votre porte
demandez-lui l’asile le gîte & le couvert, dès qu’il passe le seuil
et quittez-le, le lendemain, après l’avoir embrassé sur la bouche,
reprenez sa route, reprenez la promenade devotreamidevotreamant,
là où il l’a laissé, en remerciant le ciel de ses bontés.
Je suis moi-même issu de la maison du ciel
,je change avec lui chaque fois les liens qui nous unissent &
de sorte que, me regardant tournoyer,
vos yeux glissent inlassablement
de m lui deoim
de moi à lui,
à lui,
du bleu profond de son cerne
,à l’éclat blanc de ma pupille
".tel le libre jeu des vagues sous la mer
٭
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