mardi 11 septembre 2007

Histoire vraie

Monsieur X. a un métier passionnant, puisqu'il est chargé de mission à la ligue de l'enseignement à D. Monsieur X., métier passionnant, chargé de mission de la ligue de l'enseignement à D., a décidé de lancer des ateliers de formation pour les illettrés, basés sur des contes de tout poil et de la littérature orale. Alors, il a employé un ethnologue qui s'y connaît dans la partie - griots, contes du terroir, contes indiens, de la Mère l'oie, d'Andersen ou de Perrault - pour faire un exposé, au conseil général de son giron, sur les mérites du conte dans la remise à niveau des illettrés. L'affaire s'est déroulée il y a quelques heures.

L'ethnologue, qui s'est prêté à la mascarade, avait bien lu L'école des mendiants d'Albert Cossery ; nous y étions. De gentils enseignants, certains payés par l'Education Nationale pour l'occasion, prenaient des notes à propos d'informations qu'ils connaissent par coeur, puisqu'ils ont lu les mêmes livres et suivi les mêmes cours à l'université que l'ethnologue ; il s'agissait bien, pour eux, d'écouter un conteur. Et rien, de ce fait, n'a été dit sur les problèmes de prévention médicale que pose l'illettrisme aujourd'hui ; les véritables dangers que peuvent avoir à courir ceux qui ne savent pas lire le français ont été obviés. L'audience préférait naturellement une histoire.


J'aime cette citation de Nietzsche : "Mort, parce que bête."
Il est mort du cancer du colon, parce qu'il ne savait pas lire et que ceux qui auraient pu l'aider préféraient écouter une histoire.

N.B.
En Bourgogne, on sait qu'il y a des niches de cancer du colon, des zones plus atteintes que d'autres. Le dépistage se fait par envoi de dépliants préventifs avec un questionnaire à renvoyer. Le problème n°1 de la prévention aujourd'hui étant la barrière linguistique... Je n'irai pas plus loin (l'envie, cette fois, de plagier certains passages du Quart-Livre de Rabelais, fort à propos, là. Peut-on rire de tout ? - Oui.)

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