
lundi 29 mars 2010
L'ouvroir, de Chris Marker

mardi 23 mars 2010
Les Riches Douaniers

Le machinima est le prélèvement de séquences de jeux vidéos dans le but d'en faire des films. Les riches douaniers en font, quant à eux, de l'art.
Et, comme je suis l'écrivain "candide" de service
(c'est écrit dans le programme du Consortium :-)),
je me permettrai de lire une petite nouvelle, peu connue, de mon poète préféré, Apollinaire, intitulé Mon cher Ludovic
["C'est mon cher Ludovic qui a inventé l'art du tact, du contact et du toucher. L'idée lui est venue il y a une quinzaine d'années et depuis il n'a cessé d'explorer un domaine où il a pénétré le premier..."],
durant le débat proposé sur les machinimas.
Je montrerai à ce propos qu'Apollinaire est précurseur des recherches en art-thérapie de l'artiste brésilienne Lygia Clarks, comme des recherches haptiques produites dans les années 80 par le MIT et Apple, et qui font que votre console de jeux vidéos Sega ou Sony remue, bouge, tremble ou vous brûle les doigts, à mesure que vous avancez dans votre partie du hérisson Sonic.
Au fond, je montrerai que tout élément nouveau de notre environnement contemporain peut être support à art.
Je m'intéresse, pour ma part, aux scanners audios, aux détecteurs radars infrarouges et au mode nightshot des caméras, et je ne me suis jamais considéré comme étant un voyeur.
A Samedi !
Machinima-débat avec les riches douaniers,
Samedi 27 mars, 14 h 30
Salle de conférence de la Nef,
1, place du théâtre,
21000 Dijon
lundi 8 mars 2010
samedi 6 mars 2010
lilian bourgeat

" Sincère comme un enfant qui ment
Frédéric Pintus
Le scénario ne me fut communiqué que quelques heures avant le départ.
Le départ ne me fut annoncé que quelques heures avant la nuit.
La distribution était des plus vagues.
C'était une toute petite production.
Le scénario était simple : "Dans la peau de Lilian Bourgeat."
Il n'y avait pas de texte. Il me fallait simplement être lui.
... Facile pour un acteur !
Cette nuit de trois heures ne fut pas assez longue pour que j'oublie la réplique qui devait éluder tout le curriculum vitae : "Faisons table rase du passé, j'ai fait bois à Mouchard... C'est tout ce que je retiendrai ! Maintenant parlons de mon avenir au sein de cette École !"
Comme tous les jeunes, j'ai eu quelques problèmes avec la justesse, mais mes juges n'y ont rien vu.
Corrigez-moi si je vous trompe !
Bon en dessin, je pris soin d'esquisser un sourire sur le visage de mes spectateurs tout en croquant la Pomme : Tu ne mentiras point !
Le manque de sommeil et l'appréhension font que je ne me souviens de pratiquement rien.
J'ai eu l'impression de vivre une décorporation pendant quarante-cinq minutes me semble-t-il.
L'espace d'une heure, j'ai vu le monde comme lui.
La vie ressemblait à un sex-shop Playschool où le plaisir est fugace est la douleur jouissive...
Toutefois, il me revient à la mémoire un événement qui faillit bien interrompre notre unique représentation : je reconnus le DRAC Alsace après quelques œillades. Je l'avais croisé lors d'un vernissage de Lilian à XXXXX.
J'ai dû prétendre avoir travaillé sur l'identité et avoir utilisé l'image d'un acteur pour me représenter sur des milliers de masques ainsi que lors de l'inauguration. Il trouva alors charmante l'idée d'avoir un substitut et déplora le fait de ne pas en avoir un lui-même...
Mon spectacle terminé, le candidat idéal s'en alla, les laissant soulagés de ne pas en avoir à chercher plus avant.
Je sortis et descendis Hollywood Boulevard sur quelques mètres, puis redevins moi au détour d'un couloir...
... Ce fut mon rôle de sa vie."
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École Supérieure des arts décoratifs de Strasbourg
47 bis rue Faubourg Raines
21000 Dijon
Référence : JPG/FR
Objet : Votre candidature au poste de plasticien/Objet
Monsieur,
J'ai bien reçu votre télécopie du 20 mai dernier concernant votre prestation du jeudi 19 mai lors de l'audition par le jury réuni à cet effet des différents candidats au poste de plasticien/Objet.
Je tiens à vous préciser que l'intervention que vous avez mise en scène - et présentée avec brio par votre ami comédien Frédéric Pintus - a été jugée acceptable et n'a suscité aucune contestation d'un point de vue administratif.
Il demeure que la mise en scène - originale - que vous nous avez proposée, tout comme le dossier relatif à votre travail, que nous avons précisément examiné - nous ont paru assez éloignés du profil de poste de l'École défini pour cet enseignant.
En vous remerciant pour l'intérêt que vous avez manifesté pour notre École, je vous prie d'agréer, Monsieur, mes salutations les meilleures.
Directeur "
Les Presses du réel, Dijon : novembre 2002
dimanche 28 février 2010
Protée (9)

Protée affirme depuis toujours :
Une main, même négative, n’est pas une main. Il n’y a pas de main, il n’y a jamais eu de main. En revenir au serpent, à la racine, en revenir au bulbe, à l’instinct, goûter son sang, sa propre chair. Mange-toi, si tu veux vivre éternel, perds la raison et l’esprit, tourne tes yeux dans tes orbites, regarde le soleil. À force d’exercices, tu seras prêt à tout, aucun homme ne te surpassera dans l’activité que tu te seras choisi, puisque tu t’y seras plié, tel un forcené ou un loup blessé.
Coupe ta respiration, elle reviendra d’elle-même. Tu es le seul animal capable de maîtriser les pulsations de ton cœur : règle donc ton système nerveux selon tes fantaisies.
Sois le gardien de ton souffle : vis comme tu l’entends, meurs quand tu l’entends, mais ne laisse ni la vie, ni les lois, ni un autre homme que toi te posséder.
Aucune religion, aucune loi ni aucun esprit ne possède la mesure de ce que tu es.
Protée (8)

Peu à peu la mémoire du passé surgit, et les méfaits et les crimes de tes ancêtres apparaissent au grand jour. Les études récentes sur la préhistoire t’apprennent que tes pères ont probablement tué, dans des guerres intestines, tes frères, les hommes de Neandertal, au front bas et à la démarche inclinée au sol, et que ces guerres ont été oubliées des générations qui les ont suivis. Alors, tu ressens, à nouveau, l'angoisse de la mort et le goût pour la violence et le meurtre de tes différents avatars.
Dans ton esprit se poursuit un lent travail de mémoire, commencé avec tes maîtres sur les bancs d'école, et dans laquelle l’histoire ouvre les portes d’univers inconnus des érudits et des savants des siècles précédents. Avec l’ouverture de telles portes, une connaissance nouvelle du mal et de la cruauté t’est révélée, à laquelle même le divin marquis n’aurait pu rêver, ni méditer Bouddha.
Lent travail de mémoire, si la mémoire de l’histoire est le décompte des morts à travers les décades, penses-tu. Mais la quête du Protée n’est pas encore celle-ci, puisque tel dieu réside hors du rythme des saisons et de la loi biologique, en deçà et au-delà de la contemplation du vivant et de son passé.
Lent travail de mémoire, épreuve, anamnèse, décompte des morts à méditer jusqu’à l’oubli. − Corps brut, chair brute, désir brut, le Protée ! Larve ou œuf philosophique, selon tes conceptions en matière de métaphysique, mais une larve et un œuf qui n’ouvriraient que sur des corps en fusion.
Admettre son existence, c’est nier la tienne.
samedi 13 février 2010
Protée (7)

Détail d'une main négative dans la grotte de Pech Merle
(département du Lot)
Il y a trente mille ans, un homme descend une falaise au risque de tomber, il entre péniblement dans une grotte creusée à son flanc et peint sa main en pochoir sur ses parois avec des pigments de couleurs bleues et noires. Devant lui, l’océan nu, derrière lui, l’immensité des forêts d’Europe.
Il n’a pas de nom, il ne parle pas encore, mais il a appris à détacher de son corps des morceaux de lui pour faire signe aux dieux.
« Je suis là, cherche à dire l’homme, devant les éléments, je sais me vêtir, bricoler des outils et des armes et domestiquer le feu ; je sais aussi m’abriter du vent et du froid dans des grottes comme celle-ci. »
« Je suis là, Protée ! Pourquoi te caches-tu dans les eaux ? harangue l’homme à flanc d’océan. Tu te moques ! Je deviendrai meilleur et plus fort, Protée ! Je construirai des cités, je persisterai dans mon erreur, croyant avec celle-ci pouvoir te trouver derrière les pierres et les arbres, la terre et la mer ; j’emploierai mon cœur et mon esprit pour te déloger, je te forcerai à me dire mon destin ! Je sais que j’ai tort, mais je poursuivrai, je poursuivrai dans mon erreur, croyant te poursuivre, toi ! »
…
Des mains votives à flanc d’océan, on les appelle les mains négatives.
Certains poètes chantent encore aujourd’hui ce premier homme et sa rupture d’avec toi, certains poètes chantent leur chute.