jeudi 12 février 2015

Lisbonne, le Tage & Fernando Pessoa


    "De chaque voyage, même très court, je reviens comme d'un sommeil entrecoupé de rêves - une torpeur confuse, toutes mes sensations collées les unes aux autres, saoul de ce que j'ai vu.
    Pour connaître le repos, il me manque la santé de l'âme. Pour le mouvement, il me manque quelque chose qui se trouve entre l'âme et le corps ; ce qui se dérobe à moi, ce ne sont pas les gestes, mais l'envie de les faire.
    Il m'est arrivé bien souvent de vouloir traverser le fleuve, ces dix minutes (sic) qui séparent le Terreiro do Paço de Cacilhas. Et j'ai presque toujours été intimidé par tout ce monde, par moi-même et par mon projet. J'y suis allé quelquefois, toujours oppressé, ne goûtant réellement le fait de poser le pied sur la terre ferme qu'au moment du retour.
    Lorsqu'on ressent trop vivement, le Tage est un Atlantique innombrable, et la rive d'en face un autre continent, voire un autre univers."

Le livre de l'intranquillité, Bernardo Soares/Fernando Pessoa
 

L'arc de triomphe menant à la place du commerce
de Lisbonne, sur la rive du Tage.

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