vendredi 20 février 2015

La traque du Minotaure. Ou comment une maison peut-elle devenir un labyrinthe ? (4)



    Le début de Caché, un film de Michaël Haneke sorti en 2005, tel que je m’en souviens. Le premier personnage est une maison, une grande maison neuve et belle comme une maison-témoin. Un couple l’habite, couple-témoin lui aussi, des mannequins, des supports d’homme : un couple investi de la fonction de représenter le couple-modèle pour des clients potentiels. L’un d’eux, Georges Laurent, est présentateur d’une émission littéraire pour la télévision, c’est lui le personnage essentiel de ce drame autour de la conscience et de ses doubles. Car la conscience n’est pas une, mais multiple, n’est-ce pas ? Une prolifération d’êtres l’occupe, qui ne demandent qu’à prendre la place de celui qui se trouve aux premières loges, et qui cherchent le moyen le plus propice à son éviction. La conscience n’est pas une, comme vous le pensez peut-être après Aristote, ni double ou tripartite, comme l’ont comprise Platon puis Freud, mais multiple, proliférant, se dispersant, rayonnant sans cesse, et le zoon politikon, l’homme comme animal social et politique, n’est qu’une modalité que l’existence humaine peut prendre, une parmi d’autre, malgré ce que la famille ou l’école enseignent à ce propos. 


La maison de Georges Laurent, au n° 49 de la rue Brillat-Savarin à Paris


    Georges Laurent habite, avec sa femme Marie, une maison du treizième arrondissement de Paris, lorsqu’il reçoit, à son domicile, une cassette-vidéo anonyme : sa maison est filmée, en plan fixe, de la rue d’en face, la rue des iris.

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