mardi 6 mai 2014

À la main du diable

À la main du diable, Arnaud Labelle-Rojoux
  Centre Pompidou, Paris, "Le surréalisme et l'objet" (30 octobre 2013 - 3 mars 2014) 

Ici, le dernier texte, que j'ai écrit, il y a quelques mois, pour un essai intitulé maintenant... 
La souillure et le diable... où il est question de l'artiste et écrivain Arnaud Labelle-Rojoux, du diable aujourd'hui, des artistes Eric Madeleine et Chloé Silbano... et du cynisme de Diogène de Sinope, en poésie, en art, mais aussi pour ce qu'il en est de l'argent. -- Se rappeler, ici, que, à Athènes, Diogène le cynique se moquait de l'argent et qu'il prônait l'usage d'osselets, ce jeu des enfants, pour les échanges monétaires. Au fond, Diogène se moquait de toutes les formes d'échange entre hommes, de la parole, des contrats (financiers ou littéraires) ou de la poésie. Il y aurait une anti-sociologie de la communication à écrire, à partir de l'attitude des philosophes cyniques de l'Antiquité, ce qu'on nommait en Grèce le ponos, le ponos cynique... Façon aussi de me moquer de moi, de la poésie lyrique et formaliste, et du poète Christian Prigent, comme vous verrez. Donc, je m'emploie à une forme de recherche nouvelle depuis quelques années maintenant... et que je définirai comme cela, pour le moment (et pour ce moment seulement) : que pourrait-être aujourd'hui une énonciation cynique... qu'est-ce que serait la production d'un énoncé cynique ? (Je m'empresse de remettre cette question à plus tard... et de la colle sur mes lèvres, comme Charles Maturin, l'écrivain du célèbre Melmoth... je ne vous ennuierai plus, promis...)





Se payer la tête

    Dans Rien n’est sacré, tout peut se dire, Raoul Vaneigem écrit au sujet de la moquerie et de l’insulte : « Il convient de distinguer entre, d’une part, la moquerie, le quolibet, le persiflage, la raillerie, voire l’insulte, adressés à une personne, à un groupe, à des idées, au gré d’un esprit ludique dont la cruauté reste essentiellement formelle et, d’autre part, la brimade infligée à un individu ou à une minorité par une communauté excipant de son nombre et de sa force. »[1]
    Il est donc possible qu’il joue au ludion avec votre nom et votre image, tout est possible avec lui. Si sa calomnie a un intérêt littéraire ou artistique, sa démarche sera, selon Vaneigem, juste, sinon les lois de la démocratie prévalent, qui rendent l’individu souverain, maître de son domaine et de son quant-à-soi. La calomnie ne serait donc juste que pour l’artiste et l’écrivain, si et seulement si celle-ci a une valeur esthétique.
   
    Imaginez maintenant que les traits de son visage soient flous, imprécis, imaginez que sa figure soit ce qui se dérobe à l’observation ou à une herméneutique, de quelque bord qu’elle soit. Vous pourriez déceler en lui des caractères humains, il aurait même les apparences d’un homme, mais il ne vous viendrait à l’esprit aucun mot pour le désigner précisément, un peu comme Gygès, ce Grec qui, tournant un anneau à son doigt, devenait invisible… sauf que lui n’est pas invisible, il semble plutôt qu’il n’ait pas d’âme, pas de face ni de Mana à garder pour être et demeurer un homme, de sorte qu’il paraît glisser, être imperméable à toute forme de communication reliant les individus entre eux. Il n’est, en l’occurrence, ni un ludion ni un sycophante[2], comme le laisserait entendre la citation de Vaneigem, et, pourtant, il pourrait jouer avec vos noms comme avec vos âmes, parce qu’il ne connaît pas de borne au jeu, que la durée d’une partie de jeu ne signifie rien pour lui : il est le jeu.

    Ici, les mots résonnent dans votre tête : « Il est je », puis « Il est jeu », puis je et jeu se confondent : « Il est je(u). ». » Avec lui, l’identité prend alors une autre forme, une forme tout entière formelle, semble-t-il, – Je(u) prends… je(u) deviens une forme –, et qui ne devrait pas sortir du cadre fixé par l’esthétique, si tant est que les limites établies par cadastre au domaine Littérature et Art ne soient pas poreuses…

    Imaginez que je(u) n’aie pas de visage ou, ce qui revient au même, que mon-ton-son-notre visage soit, à l’heure actuelle, la somme de tous les visages humains vivants sur Terre ; il est, en l’occurrence, aussi un peu vous, puisque vous-même faites partie de la somme des visages qu’il possède. La calomnie ne serait alors plus possible en société, il ne pourrait pas se calomnier lui-même, à moins qu’il ne soit K. demandant à être jugé pour autocalomnie, dans Le Procès de Kafka[3]. Vous n’auriez donc pas besoin de le rencontrer ni même de le lire, comme c’est peut-être le cas à l’heure actuelle, puisque vous le connaîtriez intimement, que vous seriez la même personne que lui ; et vous ne désireriez pas vous rencontrer dans la rue ni même chez vous, n’est-ce pas ? À moins que vous ne soyez narcissique ou que vous ne pensiez pas vous connaître suffisamment, mais, généralement, aucun être humain ne désire voir son double au coin d’une rue – c’est même le thème de nombreuses nouvelles fantastiques et du Double de Dostoïevski.

     Etymologiquement, le diable est le dia-bol (Διάβολος), soit le contraire du symbole : il est celui qui désunit et divise. En Grèce, un symbole était au sens propre et originel un tesson de poterie cassé en deux morceaux et partagé entre deux contractants. Pour liquider le contrat, il fallait faire la preuve de sa qualité de contractant (ou d'ayant droit) en rapprochant les deux morceaux qui devaient s'emboîter parfaitement. Le sumbolon était constitué des deux morceaux d'un objet brisé, de sorte que leur réunion, par un assemblage parfait, constituait une preuve de leur origine commune et donc un signe de reconnaissance très sûr. Le diable, en tant que Διάβολος, serait alors celui qui aurait dérobé un bout du tesson cassé pour tromper l’un des contractants et rompre le contrat. Mais, si je(u) est le diable, si son visage est flou ou trompeur, comment faire pour le reconnaître et empêcher que l’ordre symbolique ne soit brisé ? Autrement dit, comment faire pour que le Je lyrique – car c’est bien de lui dont il parle – jouant aux mots ne sorte, précisément, du cadre et ne joue avec vos vies ? Et si, comme le pense Vaneigem, le Je lyrique est quelquefois juste et bon en société, quand il demeure l’apanage d’un auteur ou d’un artiste, jusqu’à quel point celui, qui ne se reconnaît pas de visage en propre et se paye de mots, peut-il se payer vos têtes ? Jusqu’à quel point se payer la tête ?



Dépasser les bornes


    Il s’était posé la question après avoir vu une installation d’Arnaud Labelle-Rojoux, À la main du diable, présenté dans le cadre de l’exposition Le surréalisme et l’objet à Beaubourg, durant l’hiver 2013. Il était venu avec la poète Cécile Mainardi, l’artiste Eric Madeleine et Chloé Silbano, une jeune artiste qui était la compagne d’Eric. Il y a dix ans, Eric Madeleine avait pour pseudonyme Made in Eric, ou l’homme-objet, et il se servait de son propre corps comme d’un objet, dans le cadre d’expositions, dans des galeries ou chez des particuliers. Madeleine avait été ainsi homme-table, homme-chaise, homme-pied-de-micro ou garage-à-vélo, barrière pour saut d’obstacles ou caleçon, appareil photo ou sac à dos, puis son propre travail avait évolué, s’était transformé, comme d’un gant qui aurait été retourné : ce n’était plus son propre corps qu’il détournait maintenant de son statut de sujet, ce n’était plus lui, l’objet, mais le corps d’autres hommes choisis pour leurs métiers ou leurs fonctions sociales. Ainsi, un hockeyeur était devenu balayeur dans un jardin public, des rugbymen dans une mêlée s’étaient retrouvés à déplacer un piano à queue à la façon des déménageurs, ou des pongistes transformés en métronomes pour un pianiste, le piano à queue changé en table de ping-pong sur laquelle ils jouaient. Eric et lui s’étaient connus quelques années auparavant. Comme il était écrivain, il lui avait demandé de le représenter pour une photo de lui sur la quatrième de couverture d’un livre dont il était l’auteur[4] ; Madeleine avait accepté et ils étaient devenus amis.

     À la main du diable d’Arnaud Labelle-Rojoux était une installation qui se présentait au visiteur, Centre Georges Pompidou, au bout d’un couloir dont les murs étaient peints en noir. Une grande main rouge cramoisie d’environ un mètre cinquante, sur laquelle pendaient des personnages verts glauques : le personnage biblique de Judith tenait la tête coupée d’Holopherne, une femme nue à tête de poule observait, méditative, l’un de ses œufs, le cyclope du groupe rock The Residents pendait à l’un des doigts du diable, un nain habillé en cow-boy figurant dans un film de David Lynch… Quelque chose d’une vitrine de fête foraine ou d’une entrée du Passage parisien où Aragon avait écrit Le Paysan de Paris. Jouxtant la main du diable, la pièce d’à côté lui sembla présenter le cliché d’une chambre de schizophrène, telle qu’on en trouve dans un film policier américain, ou une installation de fête foraine dédié à Sade, à Fantomas, à Charles Manson et à Black Dalhia : des feuilles Canson de couleur sur lesquelles sont collées des articles de journaux relatant des faits-divers policiers ou des phrases gribouillées par Labelle-Rojoux comme « Un charcutier qui lit Sade est un homme de goût »… des photocopies de photocopies sur des panneaux se présentant comme tableaux et dont le cadre était fait à la mousse expansive, la sculpture d’un renard rouge présentant la tête d’Holopherne sur un plateau… cette deuxième partie étant un peu le débarras de la première, pièce morte dont la porte est cachée par un rideau…

    Il avait fait le voyage de Dijon à Paris spécialement pour voir cette installation et il dormit le soir chez Madeleine à Romainville. Le lendemain matin, durant le petit déjeuner, il discuta avec Silbano, la compagne de son hôte, à propos de l’un de ses travaux : quelques-uns des dessins de Silbano avaient été choisis pour servir de motif à la monnaie locale de Montreuil qui sortirait en 2014 et remplacerait les eurobillets.

    Les dessins de Chloé Silbano présentaient des mains, non des mains monstrueuses comme celle de Labelle-Rojoux à Beaubourg, mais des mains dans la position de tenir un billet. Ici, l’échange monétaire était simulé : une main sur un billet, comme un écho immédiat de l’échange marchand qui aurait lieu bientôt à Montreuil.
    La jeune artiste avait peur que le graphiste, qui avait été choisi par l’association en charge du projet, ne sape son travail, et des conséquences que cela pourrait avoir pour elle, par la suite… Il y eut alors, dans son esprit, cette histoire du démon inventant l’argent pour tenter les hommes et détruire leurs civilisations, et il imagina, en surimpression, sur les billets de Chloé, la main du diable de Labelle-Rojoux, puis un serpent, une pomme, un pacte… Une idée lui vint alors et il la lui exposa : et si la jeune artiste allait demander son avis sur ses billets à un faussaire devenu expert en faux ? Il avait lui-même quelquefois discuté avec Daniel Arsseniev, un ex-faussaire français connu dans le milieu du grand banditisme, parce que « se payer la tête » n’était pas qu’un jeu de mots pour lui et il lui proposa de lui laisser le numéro de téléphone d’Arsseniev… « se payer la tête » n’est pas qu’un jeu de mots pour lui et le « jeu est un Autre » de Rimbaud, à son sens, est tout le contraire d’une poétique faisant du texte littéraire une fin en soi… La lettre du voyant n’est pas une poétique revendiquant l’autotélie, comme, par exemple, Pessoa avec ses hétéronymes, Borges avec Pierre Ménard ou la biographie de Roger Laporte, mais une hétérotélie ; le texte de Rimbaud fait, au contraire, écho, selon lui, aux travaux poétiques du groupe de l’Athenäum en Allemagne, autour des frères Schlegel[5].

    Il lui expliqua qu’une monnaie devait être difficilement falsifiable, pour rendre les échanges économiques viables en société – difficilement, car aucune monnaie n’est, par nature, infalsifiable. Pour se protéger contre le faux et l’usage de faux, une société devait donc punir sévèrement les faussaires. Or, paradoxalement, dans nos sociétés démocratiques qui avaient signé après guerre la charte des droits de l’homme, faire de la fausse monnaie était puni plus sévèrement que l’usurpation d’identité : l’argent coûtait donc, malheureusement, plus cher, l’argent avait plus de valeur que l’homme ; il n’y avait même de démocratie réelle en Europe et aux Etats-Unis que pour l’argent. Ainsi, actuellement, en ce qui concernait le service des Faux documents en France, Arsseniev lui avait expliqué qu’il avait été dissous, il y avait deux ans de cela. Il n’y avait, depuis lors, plus de chasseurs de Gutenberg en France, tandis que les moyens technologiques pour falsifier des documents étaient chaque année plus  puissants. A ce propos, selon un criminologue, Christophe Naudin, en 2010, le taux de fraudes avait franchi la barre des 6 % pour les pièces administratives, ce qui était énorme pour un pays comme la France. Avec les progrès informatiques, les prix étaient actuellement devenus dérisoires en matière de faux et d’usages de faux, pour une technique d’impression chaque année plus performante. Il était donc actuellement de plus en plus aisé pour un individu de battre monnaie ou de changer d’identité et de plus en plus difficile à un État de contrôler les fraudes et, avec elles, la destinée sociale de ses citoyens. Que l’Europe permît à des collectivités ou à des artistes[6] de créer des monnaies pouvant se substituer à l’euro n’était donc pas surprenant et participait indirectement à la dérégulation monétaire en vigueur dans le monde, depuis Bretton Woods.

    Il rêva alors d’un nouvel anneau de Gygès : une communauté dont les membres pourraient battre monnaie et changer d’identité à leur gré, une communauté qui aurait accès sur Internet aux matrices pour composer des faux et ayant les machines et les papiers nécessaires pour le faire. Difficile, pensa-t-il, que les Etats puissent se défendre efficacement contre une telle communauté, car, si l’un de ses membres était arrêté ou liquidé, les autres membres menaçaient de publier immédiatement leurs sources sur Google. Gygès serait le nom de cette communauté…

    Rentrant par le train à Dijon, il se mit alors à rire. Se payer la tête, dépasser les bornes, oui… pas seulement inventer, dans des textes, une histoire à l’artiste Jubal Brown comme de vandaliser Étant donnés de Duchamp au musée de Philadelphie, pas seulement prendre la photo d’Eric Madeleine comme portrait sur la couverture de l’un de ses livres, demander à une relation de se faire passer pour lui dans une lecture publique, créer de toute pièce une anecdote à propos du Pandrogyne Genesis Breyer P. Orridge, de Jean-Baptiste Santerre, ou faire passer un acte de vandalisme commis par la suffragette canadienne Mary Richardson pour un geste du vandale Hans-Joachim Bohlmann[7]… Fictionnaliser la vie et tenter le Kaïros ou le diable. Attraper le diable par la queue et le Kaïros par sa natte… Pas seulement écrire une nouvelle adaptation du film The Game pour Michael Douglas… L’hétérotélie, la tentation de l’hétérotélie, il savait quelles conséquences pouvaient avoir l’ « esthésie du politique » dont parle Jean-Michel Heimonet à propos du duo Jules Monnerot/Georges Bataille à l’origine du Collège de sociologie[8]… Monnerot jouant aux apprenti-sorciers et fasciné par le nazisme s’était laissé séduire par l’extrême droite après la seconde guerre mondiale ; Bataille, dans un mouvement inverse, s’enferma dans son expérience intérieure…



*


  
    Dans son essai A quoi bon encore des poètes ? Christian Prigent mettait déjà en garde contre cela : « Dans les obscurités, la difficulté, la cruauté de la poésie (dans ses pointages du Mal et dans ses résistances à la détermination a priori du Sens) devraient pouvoir s’énoncer allégoriquement quelques motifs du choix démocratique : plutôt le malaise désillusionné de la démocratie que la sanglante illusion des grands projets radieux tels qu’autour de nous ils s’apprêtent, inéluctablement, à se reconstituer. »…

     Oui, bien sûr, cher Prigent, chapelliser la poésie, qu’elle ait bien un goût de ghetto contre toute tentative de fronde, petite Versailles ayant des studios pour nobles de plume qui produisent et éditent, mais… voudriez-vous pas faire partie de Gygès, vous aussi ? Si vous vous laissiez un peu aller à tourner un peu son anneau dans vos phrases ?... Être un peu plus lyrique, non ? Voulez-vous pas tourner l’anneau à votre doigt ? Vous écririez la suite de la communauté de Gygès avec lui… Battre monnaie et changer d’identité à votre guise, finis le spleen et l’ennui pascalien ! Nous serions quelques-uns à réfléchir à ce que pourrait être une telle communauté et des moyens pour y parvenir. Est-ce trop demander à l’écrivain que vous êtes ?...


                                           
                                                         Chloé Silbano... ou ce qu'il reste, aujourd'hui, des dessins de 
                                                             Silbano, pour le projet de monnaie locale de Montreuil : 
                                      un osselet de Diogène, une prune, un billet, un jeu d'échanges marchands/non marchands.



(À suivre…)
     


[1] Rien n’est sacré, tout peut se dire, Raoul Vaneigem. Editions La Découverte, Paris : 2003. P. 66.
[2] Sous cette appellation,  on désignait à Athènes des personnes qui s’adonnaient à la dénonciation et qui cherchaient par tous les moyens à provoquer des procès, de manière à mettre en valeur leur habiletés rhétoriques et à encaisser les récompenses prévues en cas de succès. Ces délateurs publics devinrent rapidement une plaie du système judiciaire.
[3] Voir, à ce propos, le texte de Giorgio Agamben sur Le procès de Kafka, dans son essai, Nudité.
[4] Il s’agit de L’après-journal Nijinsky de Bruno Lemoine publié par les éditions Al dante en 2008.
[5] Dans la revue L’Athenäum de juillet 1798, Friedrich Schlegel définit la poésie romantique comme «poésie universelle progressive », faisant ainsi entendre que la poésie est une tâche qui s’accomplit dans le temps et qui doit pénétrer peu à peu le tout du monde ; la poésie a pour but de « mêler et de fondre ensemble » (« mischen und verbinden ») D’ailleurs, le premier aphorisme des Fragments critiques de Friedrich Schlegel est « (1) Nombre de ceux qu’on appelle des artistes sont à vrai dire des œuvres d’art de la nature. » (L’absolu littéraire, théorie du romantisme allemand, Philippe Lacoue-Labarthe et Jean-Luc Nancy, Seuil, « Poétique », Paris : 1978.) Dire aussi qu’une relecture des textes des membres de l’Athenäum s’impose aujourd’hui, une relecture qui serait moins platonicienne et autocentrée qu’elle ne l’a été et ne l’est encore, une théorie qui aurait le souci de la vie et de cette république de l’art dont rêvaient l’Athenäum, mais aussi Joseph Beuys, avec la « sculpture sociale ».
[6] Ainsi, le projet Art Money, au Danemark, en 2013, initié par l’artiste et écrivain Lars Kraemmer, permet à des artistes de payer en œuvre d’art leurs achats, dans certains magasins de Copenhague. Voir www.artmoney.org
[7] Il s’agit du tableau Vénus à son miroir de Velasquez, vandalisée pour des raisons de lutte féministe par Mary Richardson à la National Gallery de Londres, en 1914.
[8] « La part maudite du collège de sociologie », Jean-Michel Heimonet, Négativité et communication, Jean-Michel Place, « Surfaces », 1990. Dans la revue Acéphale de Bataille, Monnerot écrit, dans un article « Dyonisos philosophe » : « Abandonnant l’esthétique pour l’esthésie, le créateur ne crée pas de l’art, mais de l’histoire, il ne joue plus une pièce mais une partie dont l’enjeu n’est pas quelque ciel, mais la terre. »



 
 

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