dimanche 23 septembre 2012

Ton Jacques Rigaut






J’ai obtenu un peu de répit depuis qu’on ne s’est vus. Le médecin pense que nous pourrons nous revoir, si je respecte les heures d’entrée et de sortie de la pension. Qu’en dis-tu ? Je n’ai pas bu une goutte d’alcool depuis mon sevrage, je suis un autre homme. 

Bientôt, une nouvelle révolution va commencer, l’Europe va changer ; c’est en tout cas ce que tout le monde espère. Qu’elle commence, je crois qu’elle nous traversera comme la pluie. Nous avons attendu trop longtemps.

Je t’aime toujours.

Ton Jacques Rigaut



















— …

— Oubliez

— J’ai soif, je réponds, mes lèvres n’ont qu’une parole. Quand vous vous taisiez tout le jour durant, je le savais. Cette solidarité n’existe pas, elle n’épuise que ceux qui l’a combattent et ceux qui prônent.

Paradis, plongeon. Nuit bouillante, tout au plus, l’arme au creux des reins ; les dents encore pleines.
Curieux apprentissage qui, de l’apparence, n’en détient que l’ombre. Les dragées s’amoncellent sous les tilleuls et les fougères, l’un de l’odeur l’autre, de cette fausse pénombre humide qui luit sur les chaussures. Un grand drap blanc sur un corps. La poésie n’épargne rien.

— pas.
— non plus.






Mon chat est comme un vieux prisonnier, maintenant : il rêve de s’échapper de mon appartement, mais les odeurs du dehors le rendent fous. Il aurait fallu qu’il s’arrête de contempler la fenêtre depuis longtemps et qu’il saute.

− Fenêtre blanche de la page, prison pour beaux esprits, poésie. −

Je contemple maintenant mon arme sur le bureau à côté de ton portrait.

… Où en est la situation en Egypte ?

… Que fais-tu, de ton côté ?

… Penses-tu à moi, quelquefois ?

… J’ai changé, tu crois ?


Qui parle

Qui mange



Répéter les abécédaires...





Répéter les abécédaires...


Ou un mail de b.L. à f.F.
Ou un mail de j.R. à s.K.
Ou un mail de r.X. à f.P.,
Ou un mail de…





    «  … Les vacances dont tu voulais parler : vacuité, vacuum, vide, ennui, la liste est longue...
Si nous prenions rendez‐vous... je serai à deux pas de l'arrêt de bus le plus
près de chez moi, cinq minutes avant que tu ne reçoives ce message...

Oui, tu seras là...

    Je me souviens d’une lettre de Kafka à sa maîtresse, d’une lettre de Proust à son amant ; l’une et l’autre demandaient cinq minutes de répit. « Donne-moi, disaient-elles, rendez-vous, oui, là, maintenant, ici même. Au moment où tu recevras cette lettre, il sera trop tard. »
    Puis : « Je veux jouir de toi, maintenant. Pourquoi n’es-tu pas là ? Pourquoi dois-je écrire CE rendez-vous pour que nous nous voyions ? »
    Puis : « J’écris Ce rendez-vous, et tu es là. Oui, tu es là, plus belle, en étant désirée, maintenant. Prenons ensemble Ce rendez-vous, pour que nous nous voyions. »
   
 Bien à toi...

J.R. »




Une messagerie gratuite, garantie à vie et des services en plus, ça vous tente ?





Répéter les abécédaires...








Répéter les abécédaires !!!







Répéter les abécédaires...

 ...le temps de faire encore l’homme…




Les mots me traversent, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots me traversent, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, j’aurais voulu être là, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots, j’aurais voulu aimer comme vous aimez, me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots, j’aurais voulu désirer comme un fou, me traversent, l’amour me traverse, mais je crois que j’ai toujours fui, les mots me traversent, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les révolutions peuvent vous changer, me traversent, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots, le paradis ou l’Etat-providence peuvent succéder au néant ultra-libéral, me traversent, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots, me traversent, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots, me traversent, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots, l’enfer ou la troisième guerre mondiale peuvent tuer notre humanité, me traversent, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots me traversent, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots me traversent, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots, votre insurrection peut être totale, sans qu’un état policier ne la transforme en une jacquerie, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots, me traversent, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots, me traversent, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots, il y aura toujours des Jacques Rigaut, me traversent, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots, me traversent, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots, il y aura toujours des Jacques Rigaut, me traversent, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots, me traversent, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots, il y aura toujours des Jacques Rigaut, me traversent, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots, me traversent, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots, il y aura toujours des Jacques Rigaut, me traversent, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots, me traversent, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots, il y aura toujours des Jacques Rigaut, me traversent, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots, me traversent, les hommes me traversent, la vie me traverse, l’amour me traverse, les mots, il y aura toujours des Jacques Rigaut, me traversent, les hommes





Jacques Rigaut (photographie : Man Ray)


Echange de  mails impromptus entre moi à Dijon et l'écrivain Franck Fontaine à Budapest, je crois, autour du poète Jacques Rigaut.

Sur la [vie] de Jacques Rigaut :
« Essayez, si vous le pouvez, d'arrêter un homme qui voyage avec son suicide à la boutonnière. »
— Jacques Rigaut - Extrait des Pensées

Sur la "vie" de saint du dada Rigaut, donc : 






C'est bientôt la Toussaint...
Offrez des fleurs à Rigaut...

Sa tombe est à Montmartre...
Demandez au gardien où sa concession se trouve.

Merci pour lui.









Aucun commentaire: