vendredi 20 février 2015

La traque du Minotaure. Ou comment une maison peut-elle devenir un labyrinthe ? (5)


    Le début du NavidsonRecord, un film imaginé par Danielewski, dans son roman-culte, La Maison des feuilles, sorti en 2000, tel que je m’en souviens. Le premier personnage est une maison, une grande maison neuve et belle comme une maison-témoin. Un couple l’habite, couple-témoin lui aussi, des mannequins, des supports d’homme : un couple investi de la fonction de représenter le couple-modèle pour des clients potentiels. L’un d’eux est cinéaste, c’est lui le personnage essentiel de ce drame autour de la conscience et de ses doubles. Car la conscience n’est pas une, mais multiple, n’est-ce pas ? Une prolifération d’êtres l’occupe, qui ne demandent qu’à prendre la place de celui qui se trouve aux premières loges, et qui cherchent le moyen le plus propice à son éviction. La conscience n’est pas une, comme vous le pensez peut-être après Aristote, ni double ou tripartite, comme l’ont comprise Platon puis Freud, mais multiple, proliférant, se dispersant, rayonnant sans cesse, et le zoon politikon, l’homme comme animal social et politique, n’est qu’une modalité que l’existence humaine peut prendre, une parmi d’autre, malgré ce que la famille ou l’école enseignent à ce propos.




    « Dans son introduction, Johnny explique comment il a trouvé un mystérieux manuscrit à la mort d’un vieil homme aveugle, décidé de le mettre en forme et de l'annoter de façon très personnelle.       Le texte se présente comme un essai sur un film, le Navidson Record, réalisé par Will Navidson, un photoreporter, lauréat du prix Pulitzer. Will, qui vient d'emménager avec sa famille dans une maison en Virginie, filme son installation, réalisant une sorte de « home movie ». Tout s'annonce bien jusqu'à ce qu'il découvre une pièce qui jusqu'alors n'existait pas. Passé l'étonnement, il se rend à une évidence troublante : la maison est plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur. Navidson tente d'explorer les lieux mais, après avoir manqué se perdre, il engage des explorateurs professionnels. L'horreur commence alors. Aussi bien pour les membres de l'expédition que pour le lecteur — lui-même égaré dans le dédale des notes qui envahissent les pages comme un lierre maléfique.»

Texte de quatrième de couverture, La Maison des feuilles, Mark Z. Danielewski

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