Le début du NavidsonRecord, un film imaginé par Danielewski, dans son roman-culte, La Maison des feuilles, sorti en
2000, tel que je m’en souviens. Le premier personnage est une maison, une
grande maison neuve et belle comme une maison-témoin. Un couple l’habite,
couple-témoin lui aussi, des mannequins, des supports d’homme : un couple
investi de la fonction de représenter le couple-modèle pour des clients
potentiels. L’un d’eux est cinéaste, c’est lui le personnage essentiel de ce
drame autour de la conscience et de ses doubles. Car la conscience n’est pas
une, mais multiple, n’est-ce pas ? Une prolifération d’êtres l’occupe, qui
ne demandent qu’à prendre la place de celui qui se trouve aux premières loges,
et qui cherchent le moyen le plus propice à son éviction. La conscience n’est
pas une, comme vous le pensez peut-être après Aristote, ni double ou
tripartite, comme l’ont comprise Platon puis Freud, mais multiple, proliférant,
se dispersant, rayonnant sans cesse, et le zoon
politikon, l’homme comme animal social et politique, n’est qu’une modalité
que l’existence humaine peut prendre, une parmi d’autre, malgré ce que la
famille ou l’école enseignent à ce propos.
« Dans
son introduction, Johnny explique comment il a trouvé un mystérieux manuscrit à
la mort d’un vieil homme aveugle, décidé de le mettre en forme et de l'annoter
de façon très personnelle. Le texte se présente comme un essai sur un film, le Navidson Record, réalisé par Will
Navidson, un photoreporter, lauréat du prix Pulitzer. Will, qui vient
d'emménager avec sa famille dans une maison en
Virginie, filme son installation, réalisant une sorte de « home
movie ». Tout s'annonce bien jusqu'à ce qu'il découvre une pièce qui
jusqu'alors n'existait pas. Passé l'étonnement, il se rend à une évidence
troublante : la maison est plus grande à
l'intérieur qu'à l'extérieur. Navidson tente d'explorer les lieux mais, après
avoir manqué se perdre, il engage des explorateurs professionnels. L'horreur
commence alors. Aussi bien pour les membres de l'expédition que pour le lecteur
— lui-même égaré dans le dédale des notes qui envahissent les pages comme
un lierre maléfique.»
Texte de quatrième de couverture, La
Maison des feuilles, Mark Z. Danielewski
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