Le début de Caché, un film de Michaël Haneke sorti en 2005, tel que je m’en
souviens. Le premier personnage est une maison, une grande maison neuve et
belle comme une maison-témoin. Un couple l’habite, couple-témoin lui aussi, des
mannequins, des supports d’homme : un couple investi de la fonction de
représenter le couple-modèle pour des clients potentiels. L’un d’eux, Georges
Laurent, est présentateur d’une émission littéraire pour la télévision, c’est
lui le personnage essentiel de ce drame autour de la conscience et de ses
doubles. Car la conscience n’est pas une, mais multiple, n’est-ce pas ?
Une prolifération d’êtres l’occupe, qui ne demandent qu’à prendre la place de
celui qui se trouve aux premières loges, et qui cherchent le moyen le plus
propice à son éviction. La conscience n’est pas une, comme vous le pensez
peut-être après Aristote, ni double ou tripartite, comme l’ont comprise Platon
puis Freud, mais multiple, proliférant, se dispersant, rayonnant sans cesse, et
le zoon politikon, l’homme comme
animal social et politique, n’est qu’une modalité que l’existence humaine peut
prendre, une parmi d’autre, malgré ce que la famille ou l’école enseignent à ce
propos.
La maison de Georges Laurent, au n° 49 de la rue
Brillat-Savarin à Paris
Georges Laurent habite, avec sa femme Marie, une
maison du treizième arrondissement de Paris, lorsqu’il reçoit, à son domicile,
une cassette-vidéo anonyme : sa maison est filmée, en plan fixe, de la rue
d’en face, la rue des iris.
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