Chronique violette fable noire
Eraserhead, David Lynch
Sur un coussin m’a
rapporté un jour
l’homme qui fit le
monde à son image
Ses yeux brillaient la
désespérance
l’âme des gueux leur
orgueil
& la cruauté des
princes
Sur son front maniaque
faux sage faux hongre
faux hommasse
et les rides craquelées
la tête comme un œuf
parlant de liberté
Il disait Regarde je ne
vois pas de différence
même les femmes ont une
âme
et leur bouche pareille
à la nôtre
s’embrassent parasite
nous n’aurons plus de
guerre
n’ayant plus de
faiblesse
Il disait Écoute comme
nos voix se ressemblent
serions-nous frères ou
sœurs
deux morceaux d’un même
nœud
louchent un espoir à
vue maintenant
nous n’aurons plus
d’ombre
n’ayant plus de midi
Il chantait Mange c’est
la fin des temps
rien ne compte
dehors le monde clôt
ses yeux et attend le désert
la longue marche du
néant et les astuces pour survivre
dehors le monde s’abîme devant notre hampe
Sur un coussin m’a
rapporté un jour
la plaie simiesque
d’une courtisane
Ses pupilles roulaient
rondes et romances
des passions mal
éteintes mal embrasées
Elle disait Regarde
elle disait Écoute elle disait Chante
m’interrogeant chaque
fois sous son masque
traînant sa honte la
perdant dans mes bras
ayant chaud ou froid
serrant relâchant l’étreinte
et sa voix mâchait ses
regrets mort-nés :
« Léon disait-elle
permets que je t’appelle Léon
Nous devrons nous aimer
Léon le sais-tu ?
Rétracte l’instant dans
mes bras Léon
comme à jamais la
première fois
Chante désir et chante
désirade
crie oui quand je dis
non crie non quand je dis oui
cherche le moyen de me
prendre
trouve le moyen de me
perdre
Ma coulpe pleine une
croupe à la main
Lorsque je t’en voudrai
puisque je t’en voudrai
d’un baiser absous mon
front vieilli d’enfant tard
et laisse mes pleurs
faner ta jeunesse. »
Le monde change
le monde ne change pas
Le monde change
le monde ne change pas
La vieille chronique du
troubadour
tue chaque heure
le fou
sous les coups d’un roi
ou le poison d'une appareilleuse
À deux pas d’une cour
une maison de plaisir
le cœur lâche
Sur un coussin m’a
rapporté un jour
l’homme qui fit le
monde à son image
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire