À Arnaud Labelle-Rojoux
Pessoa, seul, faisant
œuvre, au début de la pièce :
le poète portugais rentre dans sa
malle à manuscrit, à sa mort,
pour devenir un Grand
Homme
̶ monastère Jerónimos, Lisbonne, aux côtés de Camoes --
des boules faites au dîner avec de la mie de pain : rituel.
« L’homme est
protéiforme, déclarait Pessoa,
mais ses hétéronymes
doivent rester sur le papier,
son corps, tête et
épaules rentrées, nichant son Grand Œuvre,
avalé par la bouche
d’un four alchimiste : livre muet ;
que rien ne vienne
déranger le sommeil des vivants,
rien, sinon, tout au plus, un texte. »
Puis entre en scène le
poète Genesis P. Orridge
qui éclate de rire :
« Je est un autre,
toujours, déclare Genesis,
mais l’alchimie du
verbe ne se suffit pas d'un texte,
elle doit transformer
nos vies. »
Musique industrielle et
guerres médiatiques
au service d'avatars multiples,
métamorphoses multiples,
sexes & vits ou vies multiples,
régression de la
sexualité
à une enfance du désir,
dispersion, anarchie
des zones érogènes,
introjectant,
rétrojectant
hommes, femmes & alter ;
ou le jeune Alcibiade
donnant la main à Socrate
à la bataille de Délium,
et, caméléon, passant
d’une peau à l’autre,
d’Athènes à Sparte.
La main du diable,
alors,
rapprochant son tesson
de poterie
du tesson d’un
contractant :
Pacte conclu !
À l’instant, des corps
morcelés surgissent :
celui, ouvert et mutilé, du Dalhia noir, quémande, lascive,
un pénis,
tandis que la tête décapitée d’Holopherne chante sa victoire sur les Hébreux.
Sortant d’une crypte,
le fils de Georges Hodel s’écrie :
« Mon père est le
meurtrier du Dahlia noir ! »
et Duchamp referme la
porte sur Etant donné, sa dernière oeuvre :
« Dossier
bouclé ! »
-- Puis, la Fin des fins des Temps !
Hommes objets & femmes objets
dans les nues,
sexes & corps glorieux
nimbés d’une lumière dantesque
nichant dans une case
au septième ciel
autour de Yahvé,
comme effeuileurs & effeuilleuses
sur Freecam
pour un prisonnier et un demeuré :
̶
De fino ultimo !
-- Trompettes !
Rideau !
A propos de l'installation La main du diable d'Arnaud Labelle-Rojoux, en ce moment au Centre Georges Pompidou, dans le cadre de l'exposition Le surréalisme et l'objet.
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